Monday 2 December 2013

L'étoile et le ver luisant





Lumignon est un petit ver luisant comme les autres. Enfin, presque. Manger est sa grande passion. Depuis tout petit, il a toujours faim. A peine le déjeuner achevé, il rêve déjà du diner suivant. S’il le pouvait, jamais il ne s’arrêterait de grignoter.
Ses parents Luce et Léo le regardent tendrement. Les joues de Lumignon sont bien rondes et son petit corps tout en courbes douces.

Lumignon soupire. Il a au cœur un secret bien doux qui lui donne des ailes. Il est né dans le creux d’un arbre par une nuit sans lune. Entre les feuilles, un rayon d’étoile s’est glissé et lui a caressé le front. Au petit matin, un peu de poussière d’or s’est déposée sur le ventre de Lumignon. Maintenant cela lui fait comme une aura dorée qui irradie furtivement à chaque pas.
Lumignon regarde souvent l’étoile là-haut dans le ciel. C’est devenu son étoile. Elle est unique, celle qu’il reconnait partout et par tous les temps, même dans les nuits encombrées de nuages ; celle qui lui chuchote des mots doux dans le creux de l’oreille les jours de solitude.

Le secret de Lumignon accroche un sourire rêveur au coin de ses lèvres. Lumignon est ailleurs. Il vit dans un monde loin des autres, un monde où les vers-luisants, la nuit, promènent une étoile. Il se sent si bien qu’il en oublie de manger. Un jour, il oublie de déjeuner. Le lendemain, c’est le diner qui saute. L’été approche, et Lumignon ne pense plus du tout à manger. Il ne pense plus qu’à son étoile. « Cet amour le consume », disent ses parents inquiets.
Lumignon maigrit à vue d’œil. Il a souvent un peu froid. Il ne rêve que de s’enfouir dans son lit bien douillet, tout en gardant un œil entrouvert pour guetter le ciel.

Lumignon dors beaucoup ces jours-ci. Pendant dix jours et dix nuits, il reste caché au fond de son lit, bien au chaud sous sa couette. Dans la chaleur mouvante de ses draps, Lumignon glisse dans un monde imaginaire. Il vit mille aventures agitées, s’essouffle, se tourne et se retourne, rit aux éclats.
Sa maman, Luce, reste à son chevet. De temps en temps, elle pose une main fraîche sur le front brulant de son rêveur fou. Alors, Lumignon sourit dans son sommeil.

Dans ses rêves, Lumignon tout à tour est ROY d’un pays peuplé d’oiseaux multicolores où les arbres sont bleus ; CHEVALIER sauvage sans peur et sans reproche qui chevauche les dragons. Il est aussi AVIATEUR sur les ailes du vent qui poursuit les étoiles, ou bien SURFEUR glissant sur les vagues pour faire la course avec les dauphins ; ou encore DANSEUR virevoltant sur un fil tendu entre le plus grand arbre de la forêt et le bout du monde, ou alors POETE farfelu qui sautille sur les chemins en soufflant des vers sans rime.

Dix jours un peu fous,
Dix nuits pleines de vie
Chaque minute vaut mille vies
Chaque heure porte en elle un infini de possibles.

Au matin du onzième jour, Lumignon se réveille soudain sans que rien ne le laisse présager. Il ouvre les yeux, sourit à Luce endormie à ses cotés. Lumignon repousse sa couette, il se sent différent. Léger, plus léger. Il se lève rapidement. Vite, trop vite. Et se rassoit aussitôt.

En levant ses mains pour se frotter les yeux, voilà tout à coup qu’il ne les reconnait plus. Disparues les mains potelées, devant lui il trouve de véritables mains de pianiste, avec de longs doigts noirs fuselés. Lumignon se redresse bien vite et cours vers la glace de la salle de bain. Et là, un grand cri fuse, un grand émoi…

Mais qui est donc ce sombre inconnu dans la glace ? Lumignon lève la main droite, et l’inconnu lève la main gauche. Lumignon se frotte les yeux, et l’inconnu de faire de même. L’autre en face de lui ressemble un peu à ces jolis grillons avec qui il jouait petit.

Luce arrive doucement, elle pose les mains sur ses épaules et murmure : « Comme tu es beau mon fils, tu es grand maintenant. La métamorphose est terminée. » Lumignon bombe le torse, fier et souriant.

Il sent quelque chose dans son dos, et essait de se retourner en se tortillant pour voir ce qui peut bien le gêner comme ca. En soulevant ses épaules, il entend un bruissement délicat, comme un froufrou, ou bien le battement d’aile d’une libellule. Lumignon émerveillé réalise soudain que des ailes magnifiques ont poussées dans son dos. Des ailes légères et transparentes pour s’envoler, pour virevolter, pour planer, pour faire la course avec les nuages, pour rejoindre son étoile ! Quel beau cadeau !

Lumignon sort de chez lui. Dehors, la nuit est douce. Les grillons chantent dans un parfum de jasmin. Et puis, surtout, là si proche, brille vive et joyeuse son étoile. Lumignon n’hésite pas une seconde, et s’élance dans l’air bruissant.

Un petit grain de lumière d’or flotte un instant dans la douceur de la nuit tombante.





Friday 30 August 2013

Money, money

Je pense à toi et à tes choix....
A toi qui choisis sans hésiter une femme ambitieuse qui ne pense qu'à sa carrière, belle surement, intéressée sans hésiter...
Pourquoi?
parce qu'elle est belle, extérieurement visiblement belle, et extérieurement elle a aussi une carrière réussi..peut-etre aussi parce que tu crois qu'elle est du même monde que toi, et que comme ca, de dehors on pourrait croire qu'elle n'est pas intéressée, qu'elle ne te doit rien, existant et réussisant déjà par elle même sans toi...Une femme parfaite donc qui n'aurait pas besoin de toi.
Cette femme dont tu trouves qu'elle est est un bel exemple pour tes filles..
L'exemple d'une femme forte...belle....dure....ambitieuse.. carriériste avant tout..manipulatrice peut-etre....
Une femme qui te choisit pour tout ce que tu peux lui apporter, ta fortune...ton carnet d'adresse et ton réseau...le milieu dans lequel tu évolues....Sa carrière, elle sait bien que pour devenir le grand chirurgien qu'elle rêve d'être, il faut du talent, certes, mais dans notre monde, le talent n'est rien sans les relations...

Moi, il me semble que si j'avais l'incroyable bonheur d'avoir deux filles, je choisirais une femme qui a le courage de ses choix, de ses valeurs...une femme belle, qui a choisit de vivre ses passions à fond...une femme désintéressée qui donne... qui aime... librement.... simplement....
Moi j'aimerais que mes filles comprennent que l'apparence est une chose, que l'opinion d'autrui n'a au fond que bien peu d'importance... mais que le plus important est invisible pour les yeux... que le plus important, c'est le soin que l'on porte à son âme, à sa vie intérieure en prenant aussi soin des autres... une femme qui se bat pour conserver le respect de soi, pour faire ce qui lui plait profondément, ce qui la fait vibrer passionnément, sans rien devoir à personne, à la force de son poignet, fièrement, sans se prêter, sans se vendre, sans se compromettre pour obtenir ce que l'on souhaite...
Juste une femme libre et sincère....
Mais tu as visiblement fait d'autres choix, pris un autre chemin...
Ton autre chemin qui désormais courra bien loin du mien.




Saturday 17 August 2013

Un Faune est passé



















Un merveilleux travail de Karen Preston





Ma peau porte encore le souvenir de ton souffle léger et glacé...

Petit faune, tu es passé par ici.


Repasseras-tu par là ?



Tu as déposé un peu de givre sur mes paupières encloses...


Petit Faune tu as passé,

Loin de mes jours, tu déambules au gré de tes envies,

Je me souviens....

Le voyage














De mon lit,
Sans bouger,
J'aperçois encore,
Les dernières lueurs du jour.

Savourer sur ma peau,
La caresse du soleil.
Les doigts tièdes et légers
M'effleurent tendrement.
Une douce chaleur,
Me pénètre doucement.

Avant la longue nuit,
Eteinte,
Avant le grand froid qui avance,
Surement,
Je m'endors loin de la douleur,
Dans la poussière d'or.

Tenir encore une nouvelle nuit,
Voir encore se lever l'aube,
Encore une fois...
Le voyage qui commence...

Thursday 8 August 2013

La petite fileuse...

Mais où est donc passée la petite fileuse de bonheur???

Elle a filé, me répond le renard...


Saturday 27 July 2013

Une question qui passe....

Il y a du papier brouillard entre toi et moi..











Il y a du papier brouillard entre toi et moi..



Il s’est glissé ce brouillard leger entre nous..
Je ne l’ai pas vu arriver
Sur la pointe des pieds…
Et maintenant je ne t’apercois plus qu’à peine,
Silhouette légère a mes coté,
Petite ombre glacée
Tu poses sur mon cœur bleu
Tes longs doigts gracieux
Tu joues avec cette félure
Sans savoir que tu me l’as faite
Le jour ou tu m’as fait voler
Je ne savais pas qu’un simple geste pouvait effacer
Tout l’amour et la lumiere,
Un simple geste
Et c’est a nouveau les battements de cœur manqués
Et enfin l’obscurité…

Tuesday 23 July 2013

Les mots usés...

Il est des mots un peu usés, vieux et cassés qu'on entend si souvent..trop souvent...
Il est des mots lustrés, qui roulent sous la langue,
Il est des mots dont la saveur s'est éteinte depuis trop longtemps...
Il est des mots que je ne me savais pas aimer...
mais depuis que je les murmure secrètement,
que je les murmure pour toi mon aimé,
Il est des mots redevenus précieux,
à nouveau brillants et lumineux.....
....


Sunday 21 July 2013

Londres...




J'aimerai revivre à nouveau là-bas... dans cette langue autre, ces habitudes si différentes, auprès de ces gens ouverts sans jugement, dans ce monde qui pendant 6 ans a si bien su être ma maison...
Paris est une belle ville mais je n'y retrouve pas mon âme, comme je la trouvais si bien dans les rues de  Londres...La-bas tout était possible, le monde me semblait ouvert et empli de promesses...Ici tout est étroit, cloisonné, petit et mesquin...Je me sens comme un papillon dans une boite de papier...perdue, mes ailes perdent leur magie poudrée à se heurter indéfiniment à mes cloisons de papier....  

Thursday 28 February 2013

Les enfants de la pluie




Il était une fois un garçon flamme qui brillait de mille feux. Tout était raison pour lui de crépiter, de s’enflammer. La vie lui souriait. Il se réjouissait d’un rien. Même les jours de pluie, il s’enthousiasmait encore tant et plus, bien protégé sous son parapluie, penché pour écouter le plic-ploc musical des gouttes de pluie. Sa collection de petits bonheurs était la plus importante qu’on ait jamais vu.

Une bonne journée pouvait le voir s’enflammer pas moins de 15 fois… Un battement d’aile de papillon. Un reflet de lumière jouant à cache-cache dans le feuillage du grand chêne…Le parfum d’après la pluie…une perle de rosée au matin qui s’éclipse étincelante dans les premiers rayons du soleil. Ce garçon avait des trésors dans sa collection, et les plus précieux étaient ceux des jours de pluie. Ceux-là il les aimait tout particulièrement. C’est un peu étonnant pour un enfant flamme d’aimer à ce point la pluie. Mais c’est comme cela. Des fois dans la vie on aime passionnément ce qui est à l’opposé de nous. Flamme donc aimait la pluie. Voilà, c'est dit.

Dès que le plus petit nuage gris apparaissait à l’horizon, Flamme trépignait, courrait de la fenêtre à la porte, impatient et fébrile. Un jour, après un gros orage, Flamme se promenait dans le petit bois derrière la maison. De la terre mouillée, montait une odeur délicieuse de champignons et de menthe verte.  Une grande flaque, presque une mare s’était formée au cœur de l’orage. Quelques feuilles rousses flottaient sur l’eau verte de la flaque. Flamme fasciné regardait comme hypnotisé le lent mouvement des feuilles sur l’eau.

Quand tout à coup, la surface se rida, et deux grands yeux verts apparurent. Flamme resta bouche bée. Un visage entier apparut lentement, d’une très grande beauté. Les grands yeux verts en amande furent rapidement suivis d’un petit nez pointu et piqueté de taches de rousseur, d’une bouche souriante, d’un menton pointu et de très longs cheveux roux de l’exacte couleur des feuilles mortes qui l’instant d’avant flottaient et occupaient toutes les pensées de Flamme.

Devant Flamme ébahi, une jeune fille longue et fine, gracieuse émergea de la flaque simplement vêtue d’une tunique blanche en dentelle.
Devant l’air ébahi de Flamme, elle se mit à rire, d’un petit son fluté qui résonna longtemps entre les arbres. Flamme se reprit, ferma la bouche et lui aussi se mit à rire doucement en écho.

La jeune fille se mit à parler :
« Bonjour Flamme, cela fait bien longtemps que j’avais envie de te rencontrer… Depuis le temps que je t’aperçois à travers le rideau des perles de pluie »
Flamme surpris : « Comment tu connais mon nom ? Qui es-tu ? Je ne t’ai jamais vu moi ! »
« Je m’appelle Ondée, je suis la petite fille de la pluie, » lui répondit-elle.
Immédiatement, ils se mirent à discuter à bâtons rompus. C'était comme s’ils s’étaient toujours connus. Cette semaine-là, tous les jours, Flamme courrait à la flaque d’eau bavarder à Ondée. Tout était pour eux sujet de conversation, tout était passion, enflammement et joie.

Flamme partageait avec Ondée sa collection de petits bonheurs, et Ondée lui racontait les mille et un secrets de la pluie. Cette semaine-là fut exceptionnellement belle. Du vent et un grand soleil illuminaient les journées, nettoyaient le ciel. La température monta bien au-dessus des normales de la saison. On aurait dit un dernier retour de l’été. Plus la semaine passait, plus la taille de la flaque diminuait. Le dimanche, il ne resta plus de la grande mare qu’une simple poche d’eau de la taille de deux petits pas. Ondée avait de plus en plus de mal à sortir de l’eau pour rejoindre Flamme, et le dimanche seul son buste émergeait encore. Flamme paniqué lui demanda s’ils allaient réussir à continuer à se voir et à se parler. Tout d’abord, Ondée ne répondit rien. Elle le regarda en silence, triste. Puis, elle murmura que c’était sans doute la dernière fois qu’ils se parlaient, parce qu’à la prochaine pluie, elle ne savait pas encore dans quelle flaque elle séjournerait. Elle voyageait avec la pluie, chaque séjour ne durait que le temps que met l’eau à s’évaporer et à repartir par le prochain nuage.

Des larmes commencèrent à couler en crépitant sur le visage de Flamme.
« shushhhhhhhhhh sushhhhhhhhhhh », souffla Ondée, « ne soies pas triste. Si tu le veux, nous pouvons rester toujours ensemble, il suffit que tu m’embrasses de tout ton cœur pour me rejoindre. »

Flamme se pencha vers les grands yeux verts d’Ondée et embrassa délicatement ses lèvres. Un grand crépitement se fit entendre, comme de l’eau qui tombe dans le feu. Ce jour-là, il y eut une longue fumée sombre qui s’attarda longuement aux branches des arbres.

Depuis, personne ne les a plus jamais revu. Mais il paraît que de temps en temps, à la surface des flaques d’eau remontent des petites bulles lumineuses, comme des lucioles de pluie…

Monday 25 February 2013

Le journal d'un vieux chat

Voici les deux premières entrées du journal du vieux chat... Un texte que j'ai entièrement illustré et qui s'en va chercher un gentil éditeur...



Le journal d’un vieux chat

16 juin 2011.
Cher journal,
Non décidément je ne peux pas écrire ca ! C’est d’un ridicule !
Cela fait belle lurette que je ne suis plus un petit chaton idiot et insouciant capable d’écrire et de parler à un journal comme s’il était un être vivant. A mon âge, on peut commencer son journal de la manière que l’on veut.
Donc, aujourd’hui 16 juin, est le premier jour du reste de ma vie.
Je suis peut-être un vieux chat, mais crois-moi, je suis loin d’être sénile, j’ai bien toute ma tête, et je me souviens de tout.
La preuve, je n’ai pas toujours été comme maintenant avec un brin d’embonpoint (enfin, si peu). Faut pas croire ! J’ai été jeune et beau, un vrai petit tigre qui riait à la vie. D’ailleurs, ma maitresse ne se s’est pas foulée pour me trouver un nom, elle m’a appelé Tigrou. Je te demande un peu !


21 juin 2011.
Le temps a passé, les croquettes ont défilé, nombreuses, et les kilos lentement se sont déposés sur mes hanches années après années. Maintenant quand je marche, mon ventre fait flap flap.
Et encore je ne te dis pas quand je monte les escaliers. Il tape sur toutes les marches, plop, plop, plop. Ca résonne jusque dans ma tête.
Pas très grave me diras-tu, c’est tellement vide là-haut qu’il y a comme un écho.

Tuesday 19 February 2013

Premier collectif publié, courrez acheter ce petit coin de lumière et de poésie

"Faire pousser des oiseaux", vient de paraître ! C'est un magnifique roman jeunesse, drôle et poétique, écrit par Cécile Ramaekers et illustré par Iza Cat. 

Vous y retrouverez également 2 de mes illustrations ainsi que celles de Thais Aubert, Souris Petit Point PerduValérie Vittenet et Nessa.


Les ventes du livre se font au profit de l'association Make a Wish Sud et l'auteure s'est inspirée du rêve d'Iris, 6 ans, qui voudrait aménager son jardin.
Je vous recommande vivement ce roman, j'ai vraiment craqué pour la plume de Cécile. (http://ecrimagine.com/2013/01/29/mon-premier-roman-jeunesse-a-paraitre/)
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